Réalisations

Les GCO, à travers les activités de leurs experts hospitaliers et de leurs personnels spécialisés, ont un poids très important dans la recherche clinique en oncologie. L'indépendance,l'autonomie et la crédibilité des GCO les rendent attractifs, y compris pour l'industrie pharmaceutique et les sociétés de Biotechnologies qui proposent de nouvelles molécules.
  • Quels sont les essais cliniques en cours au sein des GCO ?

    Les GCO mettent à disposition sur leurs sites internet les essais cliniques en cours au sein de leurs groupes:

  • Quelles sont les études pivotales des GCO ?
     
    En septembre 2022, les GCO ont publié une sélection de leurs études cliniques ayant récemment abouti à une modification des référentiels internationaux (NCCN, ASCO, ESMO, ASH..) ou à une approche thérapeutique innovante dans les cancers de l’ovaire, du pharynx, de l’estomac, du colon, du pancréas, du poumon, de la plèvre et du médiastin, les lymphomes, myélomes, glioblastomes, neuroblastomes et les leucémies aigues.

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    CANCERS DE L'OVAIRE
     
    Le groupe GINECO est en pointe dans la plus grande avancée thérapeutique des cancers del’ovaire de ces 20 dernières années : l’arrivée des inhibiteurs de PARP (poly-ADP-ribose-polymérase) et tout particulièrement du premier de la classe,l’olaparib. Le groupe GINECO est en effet leader des essais de phase III avec l’essai SOLO-2 (1-2) en rechute sensible au platine chez les patientes avec mutation BRCA et l’essai PAOLA-1 en première ligne quel que soit le statut BRCA. Dans ces 2 essais, l’olaparib est administré en maintenance post-chimiothérapie. Avec plus de 5 ans de recul, SOLO-2 est le premier essai à montrer en rechute un prolongement desurvie globale supérieur à 1 an (ASCO 2020). L’essai PAOLA-1(3), essai académique promu par le groupe GINECO et présenté en session présidentielle del’ESMO 2019, amène l’olaparib en première ligne en montrant une prolongation significative de la survie sans progression (HR= 0.59) lorsque l’olaparib estajouté en maintenance au standard de 1ère ligne combinant chimiothérapie et bévacizumab. Deplus, cet essai a permis d’isoler les patientes qui tirent le plus de bénéfice de l’olaparib qui sont celles ayant le biomarqueur tumoral HRD (Homologous Recombination Deficiency). Le régime PAOLA-1(combinaison olaparib/bevacizumab en traitement de maintenance) est approuvé a ux USA (autorisation obtenue en mai 2020), dans l’UE (autorisation en novembre2020) et au Japon (autorisationen décembre 2020). Le GINECO est aussi le groupe leader de l’essai phase 3OReO4 qui montre un bénéfice de survie sansprogression avec la reprise d’une maintenancepar olaparib chez des patientes qui ont déjà reçu un inhibiteur de PARP précédemment.Ce bénéfice a été retrouvé aussi bien dans la cohorte avec mutation BRCA (HR = 0.57) ou sans mutation BRCA (HR=0.43).
     
    (1) Olaparib tablets as maintenance therapy in patients with platinumsensitive, relapsed ovarian cancer and a BRCA1/2 mutation (SOLO2/ENGOT-Ov21): a double-blind, randomised, placebocontrolled, phase 3 trial. E. Pujade-Lauraine and al. Lancet Oncol. 2017 ;18(9):1274-1284.
    (2) Olaparib plus Bevacizumab as First-Line Maintenance in Ovarian Cancer. I. Ray-Coquard and al. N Engl J Med. 2019 Dec 19;381(25):2416-2428
    (3) Olaparib tablets as maintenance therapy in patients with platinum-sensitive relapsed ovarian cancer and a BRCA1/2 mutation (SOLO2/ENGOT-Ov21): a final analysis of a double-blind, randomised, placebo-controlled, phase 3 trial. Poveda and al. Lancet Oncol. 2021 ;22(5):620-631
     

    CANCERS DE L'ESTOMAC

    L’étude PRODIGE 59 – DURIGAST (1) avait pour but d’évaluer, pour la première fois, l’efficacité et la tolérance d’une chimiothérapie à base d’irinotécan (FOLFIRI) avec une ou deux immunothérapies (anti-PD-L1 +/- anti-CTLA4, durvalumab +/- trémélimumab) en 2ème ligne de traitement des patients avec un cancer gastrique après échec d’une première chimiothérapie.

    Entre août 2020 et juin 2021, 96 patients ont participé à cet essai novateur. Pour la première fois il a été montré une tolérance correcte de la chimiothérapie avec deux immunothérapies. En termes d’efficacité la double immunothérapie ne semble être plus efficace qu’une seule immunothérapie. Néanmoins, chez de nombreux patients la survie dépasse 1 an, durée de survie jamais atteinte avec la chimiothérapie seule. Ainsi, dans cette étude il a justement été collecté la tumeur, du sang et des selles de chaque patient dans l’objectif de chercher des marqueurs d’efficacité de cette combinaison thérapeutique (notamment ADN tumoral circulant, charge mutationnelle et flore intestinale).

    Les analyses de marqueurs d’efficacité sont en cours et permettront probablement de définir quels patients ont un gain en survie plus important avec deux immunothérapies. Cela permettra ensuite de mieux sélectionner les patients éligibles à un double immunothérapie dans un essai de plus grande ampleur et de prolonger la survie des patients atteints de cancer gastrique avancé.

     (1) PRODIGE 59-DURIGAST trial: A randomised phase II study evaluating FOLFIRI + Durvalumab ± Tremelimumab in second-line of patients with advanced gastric cancer. Evrard C and al. Dig Liver Dis. 2021 Apr;53(4):420-426.

    CANCERS DE L'ESTOMAC

    Les résultats de l’étude de phase II GERCOR NEONIPIGA (1) chez 32 patients atteints d'un adénocarcinome de l’estomac ou de la jonction œso-phagogastrique (JGO) présentant une instabilité des microsatellites (MSI) ou une déficience de réparation des mésappariements de l'ADN (dMMR), montrent que l'administration  d’une immunothérapie exclusive par nivolumab et ipilimumab avant la chirurgie entraîne un taux de réponse pathologique complète (RCp) de 59 % (17 patients sur les 29 opérés), alors que le  taux de RCp est ≤  10 % avec une chimiothérapie néo-adjuvante à base de sel de platine et de fluoropyrimidine dans ce sous-type moléculaire particulier. De plus, trois patients qui avaient refusé d’être opéré, étaient en réponse endoscopique complète avec des biopsies sans tumeur. Avec 15 mois de suivi, aucun patient n’a rechuté. Bien qu'ils ne changent pas encore la pratique à l'heure actuelle, ces résultats ouvrent la voie à d'autres études pour modifier le standard de soins dans l'adénocarcinome gastrique MSI/dMMR localisé, avec un objectif, pour les patients en réponse histologique complète, d’envisager une stratégie de préservation de l’organe, c’est-à-dire d’éviter une résection de l’estomac ou de la JOG et ainsi les effets secondaires notoires immédiats et à long terme de cette intervention.

     (1) Neo-adjuvant nivolumab plus ipilimumab and adjuvant nivolumab in patients (pts) with localized MSI/dMMR gastric or oeso-gastric junction (G-OGJ) adenocarcinoma. NEONIPIGA phase II GERCOR study. André T and al., ASCO GI 2020, abstract 244 et soumis pour publication.

    CARCINOMES ÉPIDERMOÏDES DE LA TÊTE ET DU COU

    Le traitement systémique des carcinomes épidermoïdes de la tête et du cou (CETEC) en première ligne de rechute et/ou métastatique (R/M) repose sur les standards EXTREME (cetuximab-platine-5FU) et depuis peu l’association pembrolizumab–platine-5FU pour les patients dont la tumeur est PD-L1 positif. La combinaison TPEx (4 cycles de docétaxel-cisplatine-cetuximab avec G-CSF suivis d’une maintenance par cetuximab) a été tout d’abord évaluée dans un essai du GORTEC en phase II (1), avec des résultats d’efficacité et de tolérance prometteurs. L’essai international TPExtreme (2) promu par le GORTEC pour la France, conduit avec l’Unicancer H&N group et les groupes TTCC en Espagne et AIO en Allemagne, a comparé le schéma TPEx au standard EXTREME. Les résultats ont été présentés en session orale lors des congrès ASCO 2019 et 2020. Cet essai a inclus 539 patients atteints de CETEC R/M non accessible à un traitement locorégional qui ont été randomisés entre les bras TPEx et EXTREME (6 cycles de 5FU-cisplatine-cetuximab suivis de cétuximab hebdomadaire 250 mg/ m² en maintenance). Ce large essai randomisé européen a confirmé les résultats de survie encourageants du schéma TPEx. Malgré l’absence d’augmentation significative de la SG, le schéma TPEx est apparu supérieur au standard EXTREME pour l’observance, la toxicité et la qualité de vie. La combinaison TPEx constitue une nouvelle option en première ligne de R/M chez les patients en forme, aptes à recevoir une poly-chimiothérapie avec cisplatine : en particulier pour ceux qui ont un score PDL-1 CPS négatif et/ou présentant une masse tumorale importante ou symptomatique chez qui une réponse rapide est un objectif thérapeutique clé, ainsi que pour les patients présentant une contre-indication à 5FU.

    (1) Cetuximab, docetaxel, and cisplatin as first-line treatment in patients with recurrent or metastatic head and neck squamous cell carcinoma: a multicenter, phase II GORTEC study. Guigay J et al. Ann Oncol. 2015;26(9):1941-1947.
    (2) Cetuximab, docetaxel, and cisplatin versus platinum, fluorouracil, and cetuximab as first-line treatment in patients with recurrent or metastatic head and neck squamous-cell carcinoma (GORTEC 2014- 01 TPExtreme): a multicentre, open-label, randomised, phase 2 trial. Guigay J et al. Lancet Oncol. 2021;22(4):463-475. 

    CANCERS DU POUMON 

    Les radiothérapies modernes, dites conformationnelles, s’appuient sur des données précises du patient (PET-scan et scanner thoracique réalisés avant le début du traitement) et de la tumeur et des ganglions envahis afin d’adapter les faisceaux de rayons, au plus près des contours des zones à cibler et en évitant au maximum les organes sensibles à protéger comme le cœur ou les poumons sans maladie. L’étude européenne LungART IFCT-0503, initiée en 2007 et dont Gustave Roussy est le promoteur, est la première étude européenne randomisée évaluant l’intérêt d’une radiothérapie conformationnelle après la résection complète d’un cancer du poumon non à petites cellules chez des patients présentant un envahissement ganglionnaire médiastinal (le médiastin est une région centrale, entre les deux poumons). Entre 2007 et 2018, 501 patients ont été inclus dans cette étude, principalement en France, grâce au soutien de l’IFCT (427 patients), mais aussi au Royaume-Uni, en Allemagne et en Suisse. Cette étude a permis de démontrer que la radiothérapie thoracique postopératoire n’apportait pas de bénéfice significatif (en termes de survie globale et de survie sans rechute) aux patients atteints d’un cancer du poumon réséqué même si elle diminuait de moitié le risque de récidive locale. Jusqu’à présent, il n’existait pas de consensus sur l’administration d’une radiothérapie après la chirurgie chez ces patients avec envahissement ganglionnaire médiastinal N2, à haut risque de rechute. Cette étude, publiée dans The Lancet Oncology en 2021, pourra conduire à l’émission de nouvelles recommandations et à une harmonisation des pratiques.

    (1) Postoperative radiotherapy versus no postoperative radiotherapy in patients with completely resected non-smallcell lung cancer and proven mediastinal N2 involvement (Lung ART, IFCT 0503): an open-label, randomised, phase 3 trial. Le Pechoux C et al. The Lancet Oncology, 2021, Dec 15.

    CANCERS DU POUMON

    Les radiothérapies modernes, dites conformationnelles, s’appuient sur des données précises du patient (PET-scan et scanner thoracique réalisés avant le début du traitement) et de la tumeur et des ganglions envahis afin d’adapter les faisceaux de rayons, au plus près des contours des zones à cibler et en évitant au maximum les organes sensibles à protéger comme le cœur ou les poumons sans maladie. L’étude européenne LungART IFCT-0503, initiée en 2007 et dont Gustave Roussy est le promoteur, est la première étude européenne randomisée évaluant l’intérêt d’une radiothérapie conformationnelle après la résection complète d’un cancer du poumon non à petites cellules chez des patients présentant un envahissement ganglionnaire médiastinal (le médiastin est une région centrale, entre les deux poumons). Entre 2007 et 2018, 501 patients ont été inclus dans cette étude, principalement en France, grâce au soutien de l’IFCT (427 patients), mais aussi au Royaume-Uni, en Allemagne et en Suisse. Cette étude a permis de démontrer que la radiothérapie thoracique postopératoire n’apportait pas de bénéfice significatif (en termes de survie globale et de survie sans rechute) aux patients atteints d’un cancer du poumon réséqué même si elle diminuait de moitié le risque de récidive locale. Jusqu’à présent, il n’existait pas de consensus sur l’administration d’une radiothérapie après la chirurgie chez ces patients avec envahissement ganglionnaire médiastinal N2, à haut risque de rechute. Cette étude, publiée dans The Lancet Oncology  en 2021, pourra conduire à l’émission de nouvelles recommandations et à une harmonisation des pratiques.

    (1) Postoperative radiotherapy versus no postoperative radiotherapy in patients with completely resected non-smallcell lung cancer and proven mediastinal N2 involvement (Lung ART, IFCT 0503): an open-label, randomised, phase 3 trial. Le Pechoux C et al. The Lancet Oncology, 2021, Dec 15.   

    LES LYMPHOMES

    Dans le lymphome diffus à grandes cellules B (LBDGC), l’étude POLARIX (LYSARC promoteur délégué) a été présentée au congrès de l’ASH 2021(1) et publiée le même jour (2). Il s’agit d’une étude de phase 3, internationale, randomisée, en double aveugle évaluant polatuzumab vedotin plus rituximab, cyclophosphamide, doxorubicine et prednisone (pola-R-CHP) versus rituximab, cyclophosphamide, doxorubicine, vincristine et prednisone (R-CHOP) chez des patients adultes présentant un LBDGC non précédemment traité. Entre novembre 2017 et juin 2019, 879 patients ont été randomisés. Les résultats montrent que le pourcentage de patients survivants sans progression à 2 ans était significativement supérieur dans le groupe pola-R-CHP par rapport au groupe R-CHOP (76.7% [IC95%, 72.7-80.8] versus 70.2% [IC95%, 65.8-74.6]. C’est la première fois depuis 20 ans qu’un schéma de traitement montre un bénéfice par rapport au R-CHOP. L’EMA (European Medicines Agency) dans un avis du 24 mars 2022, a adopté la proposition d’ajout de cette indication pour le polatuzumab vedotin. Dans le lymphome de Hodgkin de stade avancé, deux publications (3-4) concernant l’étude AHL2011 confirment que la stratégie de désescalade est la non-inférieure avec un suivi à plus long terme, et qu’elle réduit les risques d’infertilité. Ce nouveau schéma de traitement figure dans les recommandations américaines du NCCN.

    (1)The POLARIX Study: Polatuzumab Vedotin with Rituximab, Cyclophosphamide, Doxorubicin, and Prednisone (pola-R-CHP) Versus Rituximab, Cyclophosphamide, Doxorubicin, Vincristine and Prednisone (R-CHOP) Therapy in Patients with Previously Untreated Diffuse Large B-Cell Lymphoma. H.Tilly and al., Blood (2021) 138 (Supplement 2): LBA-1.

    (2) Polatuzumab Vedotin in Previously Untreated Diffuse Large B-Cell Lymphoma. H. Tilly et al., New England Journal of Medicine 2022 Jan 27;386(4):351-363.Epub 2021 Dec 14.

     (3) PET-driven strategy in advanced Hodgkin lymphoma: prolonged follow-up of the AHL2011 Phase III LYSA study. Casasnovas RO et al., Journal of Clinical Oncology; 2022 Apr 1;40(10):1091-1101. Epub 2022 Jan 6.

    (4) Gonadal Function Recovery in Patients with Advanced Hodgkin Lymphoma Treated With a PET-Adapted Regimen: Prospective Analysis of a Randomized Phase III Trial (AHL2011). Demeestere I et al., Journal of Clinical Oncology; 2021 Oct 10;39(29):3251-3260.

    LEUCÉMIE AIGUË LYMPHOBLASTIQUE (LAL) CHEZ LES ENFANTS ET ADOLESCENTS

    L'irradiation corporelle totale (ICT) avant greffe allogénique de cellules souches hématopoïétiques (GCSH) chez les patients pédiatriques atteints de leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) est reconnue comme efficace depuis plus de 30 ans, mais les effets secondaires à long terme sont préoccupants. L’étude internationale FORUM (1) posait la question de la non infériorité d’un conditionnement pré-greffe uniquement basée sur une chimiothérapie combinée comparée à l’ICT chez ces patients. Il s’agissait d’une étude internationale pédiatrique qui a permis d’inclure 543 patients entre avril 2013 et décembre 2018, les 3 centres d’allogreffe français pédiatriques, tous membres de la SFCE, ayant largement contribué à cette étude, la France étant le second pays « inclueur » après l’Allemagne.

    L’étude a été arrêtée en 2019 après avoir constaté que la survie globale à 2 ans était significativement plus élevée chez les patients ayant reçu un conditionnement associant une ICT à de l’étoposide (91% ; IC à 95 %, 0,86 à 0,95) par rapport à ceux ne recevant qu’une combinaison à base de chimiothérapie (75% ; IC à 95 %, 0,67 à 0,81) (p < 0,0001). Cet avantage de survie était associé à un risque de rechute et de mortalité significativement moins élevé chez les patients recevant une irradiation corporelle totale.

    Aussi cette étude qui avait pour objectif initial de démontrer la non infériorité d’un conditionnement associant trois chimiothérapies chez l’enfant a finalement conclu à la nécessité d’utilisation de l’irradiation corporelle totale associée à la chimiothérapie chez les patients de plus de 4 ans présentant une LAL à haut risque pour lesquels l’indication d’une greffe allogénique de CSH était posée. Cette étude académique est un modèle de collaboration internationale dans le cadre de l’allogreffe pédiatrique ayant permis de confirmer de manière non discutable la place de l’ICT chez des patients pédiatriques présentant une LAL devant être allogreffée et ce malgré les effets secondaires connus. Des études ancillaires sont en cours d’analyse et feront l’objet de publications ultérieures.

     (1) Total Body Irradiation or Chemotherapy Conditioning in Childhood ALL: A Multinational, Randomized, Noninferiority Phase III Study. Peters C, and al., J Clin Oncol. 2021 Feb 1;39(4):295-307. Epub 2020 Dec 17.

    MYÉLOMES DU SUJET JEUNE
     
    Après l’étude IFM 20091, confirmantAprès l’étude IFM 20091, confirmantl’intérêt de l’autogreffe associée auxthérapies ciblées, l’IFM a mené avecle groupe HOVON un essai cliniquede phase 3 randomisé (IFM 2015-01 CASSIOPEIA) dont les objectifsprincipaux étaient de comparer le tauxde réponse complète stricte (sCR) et lasurvie sans progression (PFS) chez des patientsprésentant un myélome de novo et éligibles àune autogreffe, traités par stratégie intensive(VTD) avec ou sans adjonction de daratumumab(anti CD38). Au total 1085 patients ont été inclus enFrance, Belgique et Pays-Bas entre 2015 et 2017.L’analyse des résultats à J100 de l’autogreffe puis enmaintenance, a permis de démontrer la supérioritédu daratumumab-VTD versus VTD seul, sur les deuxcritères sCR et PFS. De fait, l’étude CASSIOPEIAa conduit à l’extension de l’autorisation de mise surle marché du daratumumab en première ligne enassociation.Par ailleurs, d’autres analyses ont permis de mettreen évidence l’intérêt majeur de mesurer laréponse au traitement par l’évaluation auniveau biologique médullaire de la maladierésiduelle. Ces résultats ont été publiésdans The Lancet en 20192, Journal ofClinical Oncology3 en 2021, présentés auxcongrès de l’EHA et de l’ASCO en 2021,et impacteront positivement l’avenir de laprise en charge thérapeutique du myélome.
     
    (1) Lenalidomide, Bortezomib, and Dexamethasone withTransplantation for Myeloma. Attal M et al. N Engl J Med.2017;376(14):1311-1320.
    (2) Bortezomib, thalidomide, and dexamethasone with orwithout daratumumab before and after autologous stemcelltransplantation for newly diagnosed multiple myeloma(CASSIOPEIA): a randomised, open-label, phase 3 study. MoreauP et al. Lancet. 2019;394(10192):29-38.
    (3) Daratumumab (DARA) maintenance or observation (OBS) aftertreatment with bortezomib, thalidomide and dexamethasone(VTd) with or without DARA and autologous stem cell transplant(ASCT) in patients (pts) with newly diagnosed multiple myeloma(NDMM): CASSIOPEIA Part 2. Moreau P et al. J Clin Oncol 39,2021 (suppl 15; abstr 8004).

    LEUCÉMIE AIGUË MYÉLOÏDE (LAM) CHEZ LES SUJETS ÂGÉS

    Le traitement des sujets âgés atteints de Leucémie Aiguë Myéloïde (LAM) par chimiothérapie intensive n’est pas toujours optimal, l’efficacité du traitement étant limitée par 1) la présence de comorbidités et 2) la présence de mutations de mauvais pronostic liées à une résistance au traitement. Même si le patient est en mesure de tolérer un traitement intensif, ces facteurs oncogénétiques peuvent conduire à préférer un traitement de moindre intensité, sans que cette décision soit pour l’instant standardisée. En ce cas, l’association d’azacitidine et de venetoclax (VEN-AZA) est souvent proposée. Sur la base de l’étude observationnelle ALFA-1200 (1), le groupe ALFA s’est attaqué à cette question et propose un arbre oncogénétique décisionnel, validé sur des cohortes indépendantes. Le groupe Go-Go profite à l’évidence du traitement intensif (survie médiane d’environ 4 ans). Le groupe No-Go (survie médiane d’environ 6 mois) n’en profite pas représentant donc une contre-indication « génétique » au traitement conventionnel. Dans le groupe Slow-Go, majoritaire, la survie médiane d’environ 18 mois laisse planer le doute : c’est dans ce groupe qu’une comparaison contrôlée entre le traitement standard et le traitement par VEN-AZA mériterait d’être conduite, quel qu’en soient les objectifs : survie, qualité de vie, taux de guérison à long terme, ou critère médico-économique.

    (1) Observational Study of Patients Older Than 60 Years and With Acute Myeloblastic Leukemia Who Are Administered Standard Chemotherapy Based on Idarubicine-cytarabine

    Myélofibrose primitive ou secondaire

    L’étude JAK-ALLO a été la première à tester de manière prospective l’impact d’un traitement par ruxolitinib avant allogreffe de cellules souches hématopoïétiques pour myélofibrose de risque élevé.

    Cette étude a permis de montrer qu’un traitement court par ruxolitinib pré-transplantation permet de conduire à la greffe un nombre élevé de patients qui n’y étaient pas éligibles du fait d’un mauvais état général, et que les meilleurs résultats post-greffe étaient obtenus avec des donneurs géno-identiques. 

    LEUCÉMIE AIGUË LYMPHOBLASTIQUE DE L’ADULTE

    Les leucémies aiguës lymphoblastiques (LAL) de l’adulte présentent dans 25% des cas une anomalie chromosomique appelée « chromosome Philadelphie » qui permet, depuis une vingtaine d’années, d’associer à la chimiothérapie un traitement de type thérapie ciblée (inhibiteur de tyrosine kinase ou ITK). Au cours de deux essais successifs (GRAAPH-2005 et 2014), le groupe GRAALL s’est intéressé à diminuer la dose de chimiothérapie associée au traitement de type ITK. L’essai GRAAPH-2005 avait montré la possibilité d’alléger considérablement la première cure de chimiothérapie appelée « induction » en association à l’ITK de première génération imatinib[2]. Cet allègement s’était traduit par une diminution de la toxicité liée à cette première cure. Dans le GRAAPH 2014, cette stratégie a été poursuivie par une tentative d’allègement des cures de consolidation en supprimant l’aracytine, une chimiothérapie couramment utilisée dans cette maladie. Cette étude de phase 3 qui randomisait l’administration d’aracytine en consolidation et en association à un ITK de 2ème génération (nilotinib) a dû être suspendu en raison d’un excès de rechute chez les patients ne recevant pas l’aracytine. Malgré cette différence, les résultats de cette étude sont largement meilleurs que dans l’étude GRAAPH-2005, témoignant probablement de la supériorité du nilotinib dans cette maladie. Cette étude démontre que la prise en charge optimale de la LAL à chromosome Philadelphie, quoique nettement améliorée par l’association aux ITK, nécessite la poursuite de l’administration de certaines chimiothérapies comme l’aracytine. Ces résultats ont été présentés au congrès 2021 de la Société Américaine d‘Hématologie.[3]  

    [1] Ruxolitinib before allogeneic hematopoietic transplantation in patients with myelofibrosis on behalf SFGM-TC and FIM groups. Bone Marrow Transplant. 2021 Aug;56(8):1888-1899.

    Robin M et al. 

    (2) Randomized study of reduced-intensity chemotherapy combined with imatinib in adults with Ph-positive acute lymphoblastic leukemia. Blood. 2015 Jun 11;125(24):3711-9.

    Chalandon Y et al.

     The Omission of High-Dose Cytarabine during Consolidation Therapy of Ph-Positive ALL Patients Treated with Nilotinib and Low-Intensity Chemotherapy Results in an Increased Risk of Relapses Despite Non-Inferior Levels of Late BCR-ABL1 MRD Response. First Results of the Randomized Graaph-2014 Study. ASH 2021, Abstract 512.

    LYMPHOMES PRIMITIFS DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

    Le traitement du lymphome primitif du système nerveux central reste mal codifié et expose les patients à un haut risque de neurotoxicité lié à la combinaison de la chimiothérapie et de la radiothérapie encéphalique. L’IGCNO-ANOCEF a conduit deux essais thérapeutiques randomisés montrant d’une part qu’une stratégie de chimiothérapie conventionnelle seule chez les sujets âgés (essai CNS(1)), et d’autre part que l’autogreffe avec cellules souches périphériques en consolidation chez les sujets plus jeunes (essai PRECIS(2)), étaient des approches efficaces permettant une meilleure préservation des fonctions cognitives et de la qualité de vie des patients en évitant la radiothérapie. Ces résultats ont contribué à l’établissement de recommandations thérapeutiques pour cette population dans les recommandations européennes de l’EANO (European association of Neuro-Oncology).

    [1] Methotrexate and temozolomide versus methotrexate, procarbazine, vincristine, and cytarabine for primary CNS lymphoma in an elderly population: an intergroup ANOCEF-GOELAMS randomised phaseII trial. Omuro A et al. Lancet Haematol. 2015;2(6):e251-9. 

    [2] Radiotherapy or Autologous Stem-Cell Transplantation for Primary CNS Lymphoma in Patients 60 Years of Age and Younger: Results of the Intergroup ANOCEF-GOELAMS Randomized Phase II PRECIS Study. Houillier et al. J Clin Oncol 2019 ; 37 : 823-833

    GLIOBLASTOME CHEZ LE SUJET ÂGÉ

    L’incidence du glioblastome du sujet âgé est en augmentation continue. Une question controversée est celui de l’intérêt de l’exérèse chirurgicale par rapport à une biopsie diagnostique dans la prise en charge compte tenu du pronostic très sombre de la maladie dans cette population vulnérable. L’IGCNO-ANOCEF a mené le premier essai de phase III «CSA»1 pour répondre à cette question et a montré que l’exérèse chirurgicale améliorait significativement la rémission et la qualité de vie des patients durant cette période à défaut d’augmenter la survie globale. Il s’agit d’un essai important qui valide une attitude chirurgicale vigoureuse quand elle est possible dans cette population. 

    [1] Surgery for glioblastomas in the elderly: an ANOCEF phase III trial (CSA). Laigle-Donadey et al. 16th Meeting of the European Association of Neuro-Oncology 25-26 september 2021

  • Comment la sécurité des patients est-elle assurée tout au long de la recherche?
    • Les GCO sont promoteurs de plus de 70 % des études qu'ils mènent. En tant que promoteur, ils ont donc l'obligation d’évaluer la sécurité des patients tout au long de la recherche et de mettre en place un dispositif et des procédures écrites permettant de garantir la qualité du recueil, de la documentation, de l’évaluation, de la validation, de l’archivage et de la déclaration des cas d’événements et d’effets indésirables graves (EIG) ainsi que des faits nouveaux.

      Pour chaque étude, le monitoring sur site effectué par les ARCs est complété par des comités de directeurs qui permettent d'échanger sur l’avancement de l’étude mais aussi d'assurer une relecture collégiale des dossiers ayant rencontrés une difficulté non résolue lors du monitoring.

      Un Comité Indépendant de Revue des Données (IDMC) désigné par le promoteur assure la surveillance éthique de l'essai et propose les décisions d’arrêt à l’investigateur principal en cas de nécessité liée aux résultats éventuels des analyses intermédiaires.

      Le but de ces analyses intermédiaires est triple:
      - détecter au plus tôt le bénéfice du traitement afin d’éviter de traiter des patients par un placebo alors que les données amassées sont suffisantes pour conclure à l’efficacité du traitement étudié (arrêt pour efficacité).
      - détecter au plus tôt un éventuel effet délétère du traitement afin de limiter le nombre de patients exposés au risque (arrêt pour toxicité).
      - arrêter une étude dont on peut prédire avec une certitude raisonnable qu’elle ne pourra pas aboutir (arrêt pour futilité). L’arrêt précoce permettra de diriger les ressources vers le test de nouvelles hypothèses.
  • Comment le processus d'inclusion des patients se déroule t-il?
    • Les GCO sont responsables du choix des centres participant à l’étude. La participation des centres aux études des GCO se fait sur la base du volontariat. Le médecin investigateur propose aux patients de participer à l’étude. Toute personne doit être volontaire.

      Conformément aux articles L1122‐1 et 2 du code de la santé publique, un consentement libre, éclairé est sytématiquement recueilli par l'investigateur.
      L'information doit être objective, loyale et compréhensible par le sujet. Les Comités de Protection des Personnes donne systématiquement leurs avis sur la lettre d'information du patient qui est utilisée afin d’obtenir son consentement et qui décrit les objectifs, les conditions de réalisation, les bénéfices, les risques et contraintes de cette étude ainsi que les précautions nécessaires. Le participant dont le consentement est sollicité, a bien évidemment le droit de refuser de participer à une recherche ou de retirer son consentement à tout moment sans encourir aucune responsabilité ni aucun préjudice de ce fait.

      L'intéret du patient demeure au coeur des activités des GCO. Pour toutes les études cliniques des GCO, la lettre d’information du patient est aussi au préalable soumise pour relecture aux Comités de patients en Recherche Clinique de la Ligue Nationale contre le Cancer. Grâce à ce travail d'échange entre le promoteur, les investigateurs coordinateurs, l'information des patients a connu une amélioration sensible.
  • Comment les GCO concoivent-ils leurs protocoles de recherche?
    • Des groupes de travail ouverts à l’ensemble des membres existent au sein de chaque GCO. C’est au cours de longues et fructueuses discussions que naîtra finalement une idée porteuse, originale. Dans le dossier qu’il soumet pour l’évaluation éthique de son projet, le groupe de travail doit préciser clairement le type d’essai en cause (et, s’il y a lieu, la phase de l’essai) ainsi que les risques prévisibles et les bénéfices potentiels pour les participants. Il doit aussi y indiquer la façon dont ces renseignements seront communiqués clairement aux participants pendant le processus de consentement.

      La rédaction du protocole de chaque étude est réalisée par un comité de rédaction constitué à l’initiative du groupe coopérateur selon les formats usuels et les recommandations des agences réglementaires ou autres entités publiques susceptibles de participer aux financements. Ce comité peut interagir avec les représentants du ou des partenaires industriels du projet et il est responsable en dernière instance de la version finale. Le protocole fait en général une centaine de pages, et a fait l’objet avant sa finalisation de nombreuses relectures par des personnes ayant des expertises différentes : médicales, logistiques, biostatistiques.

      La validation finale du protocole est réalisée par un Conseil Scientifique propre à chaque GCO. Il existe au sein de chaque groupe des procédures garantissant l'indépendance des membres du Conseil Scientifique, la transparence et la gestion des liens d'intérêts.